lundi 23 mars 2009

L’enquête sur les allégations au sujet de Gaza arrive trop tard

info-palestine
dimanche 22 mars 2009 - 07h:11
Amos Harelouvel - Haaretz
22 mars 2009 - Haaretz - Cet article peut être consulté ici :
http://www.haaretz.com/hasen/spages/1072510.htmlTraduction de l’anglais : Anne-Marie Goossens


PHOTO : T-shirt commandé par ce soldat des francs-tireurs. L’inscription dit : d’un coup de feu, deux morts.


La publication, jeudi, par Haaretz, des récits de soldats ayant participé à l’opération contre Gaza a déjà eu une répercussion importante.


Le procureur militaire, Avihai Mandelblitt, a ordonné à la police militaire de mener deux enquêtes au sujet des commentaires faits par les chefs de section Givati dans leur alma mater, l’académie militaire préparatoire, au sujet des incidents au cours desquels, selon eux, des civils Palestiniens auraient été tués. Jusqu’ici, l’armée s’est contentée de mener ses enquêtes sur les opérations et a complètement évité toutes poursuites criminelles.
En attendant, et avec la même efficacité, la FID a pris une autre mesure : elle s’est empressée de discréditer le témoignage et les motifs du directeur de l’académie, Danny Zamir.
Jeudi après-midi, les médias s’étaient entendu dire confidentiellement que :
1. Zamir est un refuznik bien connu (c’est vrai en partie, car il a refusé de servir dans les territoires en 1990 ; cela ne l’a toutefois pas empêché d’avoir de l’avancement dans les réserves, ni d’être nommé au poste de directeur du comité de préparation militaire de l’académie). 2. Les récits montrent que Zamir « incite » ses élèves à faire des dépositions accablantes (Là, il y a problème. Les procès-verbaux montrent que les soldats ont relaté leurs expériences volontairement, même s’ils n’en étaient pas fiers). 3. Zamir a caché les procès-verbaux à la FID, mais il s’est empressé de les communiquer à la presse.
Cette allégation, excusez-moi, ne tenait pas la route et dans la soirée, l’armée s’était rétractée. Les échanges de courriels entre Zamir et le bureau du chef d’état-major montrent que Zamir l’avait mis au courant le 23 février. Le 5 mars, il a envoyé le procès-verbal à un collaborateur d’Ashkenazy qui le lui avait demandé.
À moins que le bureau de l’état-major n’ait eu du mal à ouvrir un document « Word » (et connaissant le colonel Erez Weiner, cela est peu probable) l’armée connaissait les témoignages depuis deux semaines. Cette chronologie soulève une autre question troublante : pourquoi l’information n’a-t-elle pas été transmise immédiatement au procureur militaire ? Il est bizarre qu’il ait fallu que les articles paraissent dans la presse pour déclencher une réaction.
Et maintenant, l’allégation la plus intéressante : l’après-midi même, l’armée pouvait déclarer que l’enquête sur le témoignage concernant la mère et les deux enfants abattus avait abouti à des conclusions préliminaires. Le commandant de la brigade Givati, Ilan Malkha, a convoqué le chef de section qui avait raconté l’histoire et qui avait admis qu’il s’était fié uniquement aux rumeurs circulant dans la compagnie. Il va sans dire que le soldat n’a pas été dépêché pour donner sa version remaniée à la presse.
Une des tâches les plus importante des relations publiques est de limiter les dégâts quand il y a un problème d’image. Il est impressionnant de voir l’énergie qui y a été consacrée ce jeudi, mais il est décevant - si pas surprenant - de voir avec quel enthousiasme les grands organes de presse ont accepté les allégations de la FID, soit parce que l’information était relayée par la concurrence, soit qu’elle émanait de ceux dont le témoignage n’est pas conforme à la manière dont « notre FID » est censée agir.
Le tout s’est accompagné d’une intensive chasse aux sorcières pour retrouver les sources et d’une campagne d’intimidation contre les diplômés du cours préparatoire Oranim (pendant les 10 dernières années ,le gauchiste Zamir a formé bon nombre de commandants de compagnie décorés).
Toutefois l’histoire a fait le tour des unités combattantes. Les officiers qui ont parlé avec Haaretz considèrent que les témoignages qu’ils ont lus sont très crédibles. D’autres ont relevé que ce n’est pas par hasard que certaines unités (Givati et Golani) semblent plus exposées à de telles suspicions que d’autres (les paras).
La rapidité avec laquelle la FID a lancé les enquêtes est digne d’éloges. Les enquêtes devraient se concentrer sur la crédibilité des récits et sur la manière dont les officiers supérieurs supervisent les opérations.
En 2004, quatre années après le début de la deuxième intifada, deux prévisions pessimistes avaient été publiées concernant les implications à long terme du soulèvement. « Je suis assurément inquiet » avait dit le premier intervenant. « Il est évident que nous payons le prix de cette guerre. La responsabilité de l’officier est de protéger les soldats contre leurs instincts et de leur expliquer les règles de comportement à suivre. Notre problème c’est que les soldats ne tiennent pas compte des problèmes quand ils sont en uniforme ».
Le second intervenant partageait le même souci. « Je me préoccupe le plus » dit-il « de la perte d’humanité qu’engendre une longue guerre ».
Et de qui émanaient ces paroles ? Ce n’étaient pas deux journalistes ennemis de l’État. Le premier était alors Chef d’état-major (et actuellement candidat au poste de ministre de la défense) Moshe Ya’alon. Le second était son adjoint, l’actuel chef d’état-major Gabi Ashkenazi.

mercredi 18 mars 2009

Un soldat israélien : « Nous traitons les Palestiniens comme des animaux »..."c'est comme un jeu vidéo"..BREAKING THE SILENCE


Info Palestine
samedi 14 mars 2009 - 06h:48
Mundo Obrero
Mars 2009 - Mundo Obrero - Vous pouvez consulter cet article ici : http://www.pce.es/q_pl.php?id=2837
[Traduction : Assia B.
PHOTO : Checkpoint de Beit Iba - Enlèvement d’étudiants palestiniens ayant protesté après être restés bloqués pendant des heures - Photo : Flickr.com
Dans la société israélienne, les premières voix contre la guerre commencent à s’élever. Dimanche, une marche à Tel Aviv pour demander la fin des bombardements à Gaza et au Liban. Aujourd’hui, une nouvelle qui toucha l’opinion publique : le sergent Itzik Shabbat annonça qu’il refusait de participer à l’offensive contre Gaza. « Je le fais pour m’opposer à cette folie et pour mettre fin à l’illusion que nous sommes tous en faveur de cette guerre inutile basée sur des mensonges », affirma ce jeune réserviste de 28 ans qui vit à Sderot, ville proche de Gaza dans laquelle les missiles Qassam du Hamas tombent régulièrement.
L’heure du retour à Gaza approche [janvier 2009]. Je termine les dernières interviews à Jérusalem. Dans un café de Jaffa Road, je me trouve avec Yehuda Shaul, fondateur de l’ONG Breaking the Silence ( rompre le silence).
« Tout est pure folie : l’occupation, la forme inhumaine avec laquelle nous traitons les Palestiniens », me dit-il. En Israël, tu entres dans l’armée à 18 ans parce que tu veux combattre l’ennemi de ton pays, parce que tu veux laisser une trace dans l’histoire, et tu fais ce qu’on te dit de faire, sans penser. Et tout est fait pour que tu ne penses pas. Des missions à accomplir, des ordres à suivre ».
« Et tu ne vois pas les Palestiniens comme des être humains, tu les vois comme des animaux. Tu entres dans leur maison, la nuit, tu les réveilles, les femmes d’un côté, les hommes de l’autre, et tu casses tout. C’est le genre de choses que tu ne ferais pas ici, en Israël, mais tu le fais chez eux. Et, pour ce faire, tu refuses la réalité. C’est la seule manière. Tu crées entre toi et la réalité un mur de silence ».
« Voici un autre exemple : si, la nuit, tu trouves un paquet suspect qui pourrait être une bombe, tu appelles le premier Mohamed que tu trouves dans la rue et tu lui demandes de l’ouvrir. Tu pourrais appeler un expert qui le désactiverait, il mettrait dix minutes à venir, mais c’est beaucoup mieux qu’un Palestinien risque sa vie, puisque pour toi ça revient au même, tu ne le vois pas comme un être humain. Moi, je faisais ça avec mes soldats à Hebron ».
« De même à Naplouse, quand je voulais entrer dans une maison, si je pensais qu’il pouvait y avoir une bombe piégée, je prenais le Mohamed que j’avais sous la main et je l’obligeais à ouvrir la porte. Ça fait partie de la routine de l’armée : utiliser les Palestiniens tels des boucliers humains. »
« Pareil lorsque tu es à un check-point, tu les obliges à attendre beaucoup plus que le temps nécessaire, parfois pendant des heures, et tu choisis un Palestinien au hasard à qui tu donnes des coups, tous les quinze ou vingt qui passent, de sorte que les autres aient peur et restent tranquilles. C’est seulement ainsi que toi, avec quatre soldats, tu peux les dominer eux qui sont des milliers. »
« Et quand tu entres à Gaza avec ton char de combat et que tu vois une voiture neuve, même si tu as assez de place sur la route, tu passes dessus. De même, tu tires sur les réservoirs d’eau. Pour leur faire peur, pour qu’ils te respectent, parce que c’est ça la logique qu’on enseigne aux soldats israéliens ».
« De plus, tu es jeune et tu commences à profiter de ce pouvoir, que les gens fassent tout ce que tu leur dit de faire. C’est comme un jeu vidéo. Tu es à un check-point au milieu de la route, tu as vingt voitures qui attendent, et par un simple mouvement du doigt ils font ce que tu veux toi. Tu joues avec eux. Tu les fais avancer, reculer. Tu les rends fous. Tu as 18 ans et tu te sens puissant ».
« Trois mois avant d’abandonner l’armée, je dirigeais une unité à Hébron, j’avais fait une bonne carrière, de sorte que j’avais du temps libre. Un matin, je me suis regardé dans le miroir et j’ai compris que tout ceci était une erreur et j’ai su que je ne pourrais pas continuer à vivre si je ne faisais pas quelque chose. C’est pourquoi, à peine sorti, avec les soldats de mon unité, nous avons monté une exposition avec nos photos, elle s’appelait Amener Hébron à Tel Aviv ».
« Elle est tombée comme une bombe dans la société. Des parlementaires et des journalistes y sont venus. Donc, nous avons créé Breaking the Silence, où nous offrons de l’espace pour que les soldats racontent les abus qu’ils commettent systématiquement. Plus de 350 l’ont fait. A présent, nous avons des expositions et des vidéos en Europe, en Israël ».
« Certaines personnes disent que ce sont des cas isolés. Les mères disent : mon fils, qui fait son armée actuellement, est bon, il ne fait pas ce genre de choses, ce sont uniquement les soldats bédouins ou éthiopiens qui font ça. Mais ce n’est pas si sûr. On fait tous ce genre de choses, parce que c’est la logique de l’occupation israélienne : terroriser les Palestiniens ».
« Les Check-points ne servent pas à empêcher les Palestiniens d’entrer en Israël, c’est pour que la réalité n’entre pas en Israël. Parce que c’est une société de soldats, nous passons tous par l’armée pendant trois années quand nous sommes jeunes et ensuite un mois par an. Et nous le faisons tous. C’est pourquoi il existe le mur de silence, de négation, parce que nous sommes tous responsables et nous ne voulons pas l’admettre ».
« Eux sont les victimes, nous sommes les bourreaux. Mais en tant que bourreaux, nous payons également un prix. Ceci est une société qui ne s’encourage pas à regarder ni la vérité en face, ni ses propres actes. C’est une société, par conséquent, moralement malade ».


Obama et l’Empire


Info Palestine
mercredi 18 mars 2009 - 06h:42
Bill et Kathleen ChristisonCounterPunch
17 mars 2009 - CounterPunch - Traduction : JPP
Commençons par parler de la politique américaine qui pourrait se dégager pour le Moyen-Orient dans les prochains mois... Il existe deux grands scénarios possibles pour le développement de la politique américaine au Moyen-Orient dans l’année qui vient.

Se vendra-t-il dans sa propre défaite ?

A plusieurs reprises, des gens ont demandé récemment, « Quelles implications aura la crise économique mondiale sur la politique US au Moyen-Orient, et les pays du Moyen-Orient s’appuieront-ils plus, ou moins, sur les USA alors que ceux-ci souffrent de leur propre crise économique ? » Ce ne sont pas des questions simples, mais voici, très brièvement, nos premières ébauches de réponses.
Commençons par parler de la politique américaine qui pourrait se dégager pour le Moyen-Orient dans les prochains mois. Un premier point qu’il faut régler c’est que la politique actuelle héritée de l’administration Bush est un désastre. Pratiquement toutes les nations vivant au Moyen-Orient - et ailleurs sur cette question - croient que la crise économique qui s’étend actuellement sur le monde a été largement provoquée par la version extrême du capitalisme aux Etats-Unis, avec son penchant massif vers les privatisations et la suppression des régulations qui auraient pu fournir quelque protections aux citoyens ordinaires. Au minimum, il existe un sentiment très répandu de Shadenfreude [se réjouir de la souffrance d’autrui... penser que justice est faite... - ndt] sur la douleur qui est celle des Etats-Unis aujourd’hui et, à un niveau politique, il existe une forte aversion à l’égard des Etats-Unis pour des politiques qui sont considérées à juste titre comme venant du colonialisme US et israélien, et de la construction de l’Empire, et blâmées pour les malheurs et les inégalités économiques qui frappent maintenant les nations du monde entier.
Il existe deux grands scénarios possibles pour le développement de la politique américaine au Moyen-Orient dans l’année qui vient. Encore aujourd’hui, nul n’en sait assez sur le président Obama pour dire quel scénario ou quelle variante est le plus plausible. De plus en plus, cependant, il apparaît que s’agissant des Affaires étrangères, il ne changera pas beaucoup. Nous espérons nous tromper. Mais au moins sur la question centrale de la Palestine/Israël, Obama a clairement dit au début de sa campagne, bien avant l’élection, qu’il soutiendrait les éléments de droite du lobby israélien conduits par l’AIPAC. La question qui reste posée est de savoir quelle force aura ce soutien.
Selon le premier scénario, Obama cherchera à continuer sur la lancée, essayant de s’en tirer en modifiant aussi peu que possible la politique de Bush, mais en s’écartant nettement des excès les plus violents de la politique de Bush sur la torture. Obama veut l’extension de la guerre en Afghanistan et va poursuivre la guerre en Iraq plus longtemps qu’il ne l’a annoncé. Dans ce scénario, il essaiera de maintenir les discussions aussi longtemps que possible sur l’Iran et d’éviter la guerre. Il essaiera aussi de garder son appui au gouvernement civil du Pakistan, mais il ne devrait pas s’opposer réellement à un retour de la dictature militaire dans ce pays si le Pakistan continue de soutenir sa politique pour l’Afghanistan et l’Iran.
C’était le premier scénario. Bien que par son appui à l’Empire et au colonialisme, ce scénario soit peu recommandable, au moins Obama essayerait d’éviter une guerre de grande ampleur.

Le second scénario, beaucoup plus militariste, est de loin le pire, impliquant peut-être de nouvelles guerres, mais il indique que la politique d’Obama au Moyen-Orient pourrait bien basculer dans les mois restant à courir en 2009.
A l’heure actuelle, Obama se trouve face à des menaces économiques intérieures plus graves qu’il ne l’avait cru durant la majeure partie de sa campagne, et qui pourraient bien se réaliser très rapidement.
Mais il est confronté aussi à un complexe militaro-industriel qui fait pression aujourd’hui pour toujours plus de dépenses militaires et pour une politique étrangère plus agressive, entre autres choses pour aider à résoudre les difficultés économiques des Etats-Unis. En plus de cela, Obama est face à la perspective d’un gouvernement israélien avec Benjamin Netanyahu encore plus à droite que l’actuel, et qui sera soutenu par cette partie du lobby pro israélien que constitue l’AIPAC. Cette fraction du lobby est probablement l’allié le plus puissant du complexe militaro-industriel pour plus de guerres et plus d’agressivité dans la politique US au Moyen-Orient. Obama a montré qu’il soutenait le lobby tout au long de sa campagne et, plus récemment, il n’a rien fait pour s’opposer au succès du lobby quand celui-ci a descendu en flammes Charles Freeman, excellent candidat pour un poste de haut niveau dans les Renseignements US mais que le lobby accusait d’être anti-Israël. Etant donné qu’il y a une majorité d’électeurs US qui soutiennent habituellement Israël, sans beaucoup y réfléchir, le mouvement pour la justice et la paix qui est désorganisé aux Etats-Unis n’est pas très efficace pour s’opposer que ce soit au complexe militaro-industriel ou au lobby pro israélien de droite.
Obama a d’ores et déjà clairement démontré qu’il ne voulait pas être le dirigeant américain qui perdra l’Empire américain. D’une façon générale, la plupart des gouvernements européens et des gouvernements arabes, comme le gouvernement japonais, ne s’opposeront pas à lui. Les opinions publiques de ces pays, à l’inverse de leurs gouvernements, seront un peu plus fortes dans l’opposition à la politique de l’Empire US, mais il est douteux qu’elles soient en mesure d’accomplir des prouesses.
Ce qu’il faut donc conclure, c’est que si ce second scénario se révèle être le vrai, alors nous nous trouverons face à une période extrêmement dangereuse de l’histoire du monde. Il existe en effet des forces tant aux Etats-Unis qu’en Israël qui veulent le choc des civilisations et qui ne sont absolument pas opposées à de nouvelles guerres, et ces forces sont puissantes. Evidemment, la première nation à être touchée par la réalisation de ce scénario serait l’Iran.
A ce stade, il est impossible de savoir si Obama veut, ou peut, empêcher ces forces de dominer la future politique états-unienne dans tout le Moyen-Orient.


Kathleen et Bill Christison ont écrit sur la Palestine et Israël pendant plusieurs années. Kathleen est l’auteur de deux livres sur la situation palestinienne et la politique US sur cette question, quant à Bill, il a écrit de nombreux articles sur la politique étrangère américaine, la plupart sur CounterPunch.
Ils sont aussi co-auteurs d’un livre à paraître en juin chez Pluto Press sur l’occupation israélienne et ses conséquences sur les Palestiniens, avec plus de 50 de leurs photographies. Il y a trente ans de cela, ils étaient tous deux analystes politiques à la CIA. Ils sont membres de la coalition Stop $30 Billion, à Albuquerque, Nouveau Mexique.
Ils peuvent être joints à l’adresse : kb.christison@earthlink.net.
Des mêmes auteurs :
L’aide militaire US à Israël

lundi 2 mars 2009

L’Europe entame des discussions secrètes avec un Hamas « mis à l’index »

alterinfo
http://www.alterinfo.net/L-Europe-entame-des-discussions-secretes-avec-un-Hamas-mis-a-l-index_a30013.html
Les nations européennes ont ouvert un dialogue direct avec le Hamas, alors que les Etats-Unis de Barack Obama intensifient la recherche de la paix au Moyen-Orient.
Par Anne Penketh, rédactrice en chef - Diplomatie The Independent, Jeudi 19 février 2009 article original : "Europe opens covert talks with ‘blacklisted’ Hamas "
Traduction JFG-QuestionsCritiques
Vendredi 20 Février 2009

The Independent a appris que deux sénateurs français se sont rendus à Damas, il y a deux semaines, dans la première rencontre de ce type, pour rencontrer le dirigeant de la faction islamiste palestinienne, Khaled Meshal. Deux députés britanniques ont rencontré à Beyrouth, il y a trois semaines, le représentant du Hamas au Liban, Oussama Hamdan. « Beaucoup plus de gens que l’on imagine parlent au Hamas », a dit un haut diplomate européen. « C’est le début de quelque chose de neuf – même si nous ne sommes pas en train de négocier. » M. Hamdan a dit hier que, depuis la fin de l’année dernière, des députés suédois, néerlandais et de trois autres nations ouest-européennes, qu’il a refusé de nommer, avaient consulté des représentants du Hamas. « Ils pensent qu’ils ont commis une erreur en plaçant le Hamas sur la liste noire », a-t-il dit, se référant à la décision de l’UE en 2003 d’ajouter l’aile politique de ce mouvement à sa liste des organisations terroristes. « A présent, ils savent qu’ils doivent parler au Hamas. » Les contacts politiques avec le Hamas sont interdits en vertu des règles du Quartet international pour la paix au Moyen-Orient – qui regroupe les Etats-Unis, l’UE, la Russie et l’ONU – sur la base que cette faction palestinienne reste engagée à la destruction d’Israël. La communauté internationale insiste sur le fait que cette interdiction ne sera levée qu’après que les Islamistes accepteront de reconnaître Israël et de renoncer à la violence. Mais la politique définie en 2006 à la suite de la victoire du Hamas dans les élections palestiniennes a été remise en question depuis la guerre de trois semaines à Gaza, qui se trouve sous le contrôle du Hamas. Les diplomates insistent pour dire que les contacts des parlementaires avec le Hamas sont une initiative personnelle, bien que l’on pense qu’ils ont fait leur rapport à leurs gouvernements. Les députés britanniques qui se sont rendus à Beyrouth « n’étaient pas engagés dans des pourparlers diplomatiques officiels ou officieux », a déclaré un porte-parole du Foreign Office. L’Union Européenne soutient les efforts dont l’Egypte est la médiatrice en vue de la réconciliation entre le Hamas et le Fatah rival, qui fait partie d’un accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël. L’unité palestinienne est encouragée en tant que condition préalable à une solution à deux Etats. Mais, selon une source bien au courant de ces pourparlers, M. Meshal a dit aux sénateurs français que l’unité palestinienne était « la question la plus difficile ». « Meshal a dit que l’Autorité Palestinienne [conduite par le Président Mahmoud Abbas du Fatah] ne représentait plus rien », a déclaré cette source. Le Hamas est « convaincu que la rue arabe est avec eux ». Le principal soutien du Hamas, la Syrie, déborde de confiance après que la guerre de trois semaines a échoué à asséner le coup de grâce à ses alliés à Gaza. Le gouvernement syrien pressent une opportunité, sous M. Obama, pour mettre fin à l’isolement imposé par la présidence de Bush. Le Président syrien, Bashir al-Assad, a accordé plusieurs interviews aux médias occidentaux ces dernières semaines, dans lesquelles il a exprimé son espoir de meilleures relations avec les Etats-Unis[1]. John Kerry, le président de la Commission des affaires étrangères du Sénat américain, qui a pris fait et cause pour le retour d’un ambassadeur américain en Syrie, est attendu à Damas le week-end prochain. L’ambassadeur syrien à Londres, Sami Khiyami, a déclaré : « Nous espérons un nouvel ambassadeur. Cela ne prendra pas longtemps. L’Amérique, comme l’Europe, comprend que la voie pour obtenir une influence politique au Moyen-Orient passe par la Syrie. » Mais les analystes sur le Moyen-Orient minimisent les espoirs que l’UE – ou la politique étasunienne – en ce qui concerne le Hamas soit sur le point de changer. Il reste deux incertitudes majeures : l’approche de l’administration Obama et les contours du futur gouvernement israélien qui pourrait être dirigé par le partisan de la ligne dure, Benjamin Netanyahou. Martin Indyk, ancien ambassadeur US auprès d’Israël, a déclaré que M. Obama ferait une « énorme erreur » s’il décidait d’ouvrir des pourparlers directs avec le Hamas. Une telle mesure « saperait la direction palestinienne qui veut faire la paix avec Israël ». Il a dit que des progrès avaient été faits dans des pourparlers de paix indirects entre Israël et la Syrie et que M. Netanyahou pourrait très bien décider de s’embarquer dans une voie qui est « quelque peu plus avancée ». Mais, jusqu’à présent, « les Syriens ne sont pas prêts à donner leur accord », puisqu’ils se retrouveraient sous pression de rompre avec leurs alliés stratégiques, le Hamas, le Hezbollah et l’Iran, a-t-il ajouté. M. Khiyami a dit que les Israéliens devraient choisir entre des négociations ou une future confrontation. « S’ils choisissent la première option, ils trouveront des gens prêts à négocier sous l’égide de l’initiative arabe. S’ils choisissent la deuxième, nous ne serons plus responsables de toute violence qui pourrait se produire au Moyen-Orient. »